L’interview ci-dessous portant sur les relations Turquie – Israël, sur la chaîne de télévision I24 News, a eu lieu le 27 mai 2014. La veille, un tribunal à Istanbul avait demandé à l’Interpol d’émettre un « bulletin rouge » pour l’arrestation de quatre anciens responsables militaires israéliens en poste lors de l’épisode de « la flottille pour Gaza » en 2010 et qu’il jugeait par contumace.
Des discussions étaient en cours depuis plusieurs mois entre les diplomates des deux pays pour normaliser les relations. L’arrêt des poursuites judiciaires en cours ou à venir contre des israéliens était un des points majeurs de la négociation.
Pourtant le jugement venant d’Istanbul n’a pas donné lieu à une réaction officielle particulière de la part d’Israël. L’hostilité à Israël avait toujours été un fonds de commerce électoral payant pour le Premier ministre turc Erdoğan et celui-ci se préparait à une présidentielle très importante prévue au mois d’août.
Toujours est-il que, quelles que soient les avancées certaines entre les diplomates, les événements externes sont, une fois de plus, venus perturber ces tentatives de normalisation, comme il est malheureusement habituel au Proche-Orient. Il s’agit bien sûr de la guerre de cet été entre le Hamas et Israël.
Lors des hostilités cet été, ce sont à la fois les paroles et les actes d’Erdoğan qui ont posé problème à Israël. Concernant les paroles, citons juste son accusation, le 19 juillet, qu’Israël aurait « dépassé Hitler dans la barbarie ». Quant aux actes, la Turquie a pris une position de médiateur pro-Hamas, avec le Qatar, médiation qu’Israël a refusée, à la faveur de celle de l’Egypte (tout cela sur fond de rivalité – pour ne pas dire animosité – entre la Turquie et l’Egypte.
En conséquence, à ce jour, la situation bilatérale entre les deux pays me semble plus dégradée que ce qu’elle était au début de l’été. De plus, côté Turquie il y a une nouvelle échéance électorale importante qui arrive au printemps 2015, à savoir, les législatives. Enfin, l’Organisation dite de l’Etat islamique est naturellement devenue la toute première priorité pour l’ensemble de la région. On peut donc comprendre que les problématiques bilatérales turco-israéliennes passent maintenant au second plan, du moins dans leur composante visible.
En tout cas, sur le plan économique stricto sensu, les données factuelles d’avant l’été portant sur les scénarios d’exportation du gaz naturel israélien n’ont pas tellement changé.
Source : http://www.i24news.tv/fr/tv/revoir/interview-fr/3592391416001