Erdoğan : pas possible de normaliser les relations avec l’actuel gouvernement israélien

Photo AFP

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C’est ce qu’a affirmé le Président de la République de Turquie Recep Tayyip Erdoğan lors d’une conférence organisée le vendredi 31 octobre par l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) à Paris. Il n’a ajouté rien de nouveau à sa position désormais bien connue : la prise en compte des trois conditions pour une re-normalisation des relations bilatérales après l’épisode de la flottille pour Gaza, à savoir, les excuses, les réparations et la levée du blocus sur Gaza, avait bien avancé. Toutefois, « Israël ayant attaqué Gaza », il n’a plus été possible de poursuivre les travaux de rapprochement.

Erdoğan a éprouvé le besoin d’ajouter : « nous n’avons pas de problème avec le peuple israélien ni avec nos concitoyens de confession juive ».

Le Président turc était en France pour une demi-journée de travail avec le Président Hollande avec lequel il a discuté, entre autres, du projet de construction d’une centrale nucléaire à Sinop sur la côte de la mer Noire. (Ce contrat de 17 milliards d’euros attribué à un consortium franco-japonais dans lequel on retrouve Areva avait déjà fait l’objet d’une signature entre Erdoğan et le Premier ministre japonais Shinzo Abe.)

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Interview Turquie – Israël sur I24 News

L’interview ci-dessous portant sur les relations Turquie – Israël, sur la chaîne de télévision I24 News, a eu lieu le 27 mai 2014. La veille, un tribunal à Istanbul avait demandé à l’Interpol d’émettre un « bulletin rouge » pour l’arrestation de quatre anciens responsables militaires israéliens en poste lors de l’épisode de « la flottille pour Gaza » en 2010 et qu’il jugeait par contumace.

Des discussions étaient en cours depuis plusieurs mois entre les diplomates des deux pays pour normaliser les relations. L’arrêt des poursuites judiciaires en cours ou à venir contre des israéliens était un des points majeurs de la négociation.

Pourtant le jugement venant d’Istanbul n’a pas donné lieu à une réaction officielle particulière de la part d’Israël. L’hostilité à Israël avait toujours été un fonds de commerce électoral payant pour le Premier ministre turc Erdoğan et celui-ci se préparait à une présidentielle très importante prévue au mois d’août.

Toujours est-il que, quelles que soient les avancées certaines entre les diplomates, les événements externes sont, une fois de plus, venus perturber ces tentatives de normalisation, comme il est malheureusement habituel au Proche-Orient. Il s’agit bien sûr de la guerre de cet été entre le Hamas et Israël.

Lors des hostilités cet été, ce sont à la fois les paroles et les actes d’Erdoğan qui ont posé problème à Israël. Concernant les paroles, citons juste son accusation, le 19 juillet, qu’Israël aurait « dépassé Hitler dans la barbarie ». Quant aux actes, la Turquie a pris une position de médiateur pro-Hamas, avec le Qatar, médiation qu’Israël a refusée, à la faveur de celle de l’Egypte (tout cela sur fond de rivalité – pour ne pas dire animosité – entre la Turquie et l’Egypte.

En conséquence, à ce jour, la situation bilatérale entre les deux pays me semble plus dégradée que ce qu’elle était au début de l’été. De plus, côté Turquie il y a une nouvelle échéance électorale importante qui arrive au printemps 2015, à savoir, les législatives. Enfin, l’Organisation dite de l’Etat islamique est naturellement devenue la toute première priorité pour l’ensemble de la région. On peut donc comprendre que les problématiques bilatérales turco-israéliennes passent maintenant au second plan, du moins dans leur composante visible.

En tout cas, sur le plan économique stricto sensu, les données factuelles d’avant l’été portant sur les scénarios d’exportation du gaz naturel israélien n’ont pas tellement changé.

Source : http://www.i24news.tv/fr/tv/revoir/interview-fr/3592391416001

 

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Turquie – Israël : état des lieux

1. Avant l’arrivée d’Erdoğan : des intérêts convergents

On connaît tous cette citation attribuée à Golda Meir : « Moïse nous a amenés dans le seul coin du Moyen-Orient où il n’y a pas une goutte de pétrole ». Elle avait raison. Pourtant depuis que l’on a découvert de très importants gisements de gaz naturel au large des côtes d’Israël en 2010, les choses ont bien changé. Et justement ce gaz naturel israélien est susceptible de devenir un facteur déterminant dans les relations entre la Turquie et Israël.

Dans les relations récentes entre Israël et la Turquie, il y a un « avant la flottille pour Gaza » et un « après la flottille pour Gaza ». Je parlerai surtout de l’« après », mais je souhaite quand même rappeler quelques points clés de l’« avant ».

On peut distinguer deux périodes : de 1949 (1) à 2002 et de 2002 à 2010 (2002 est l’année où le parti AKP de l’actuel Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan est arrivé au pouvoir). Dans la première période, même s’il y a des hauts et des bas (souvent fonction des conflits entre Israël et les pays arabes), il n’y a jamais de rupture des relations, malgré les pressions arabes (2). La Turquie est bien ancrée dans le camp occidental, membre de l’OTAN, alliée importante des Etats-Unis et les relations avec Israël sont tirées par des intérêts convergents.

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